Golnaz Behrouznia
(en résidence CIRPAC)
Xavier Malbreil 2014
Golnaz Behrouznia se fait connaître depuis quelques années en France par un travail plurimédia et multimédia enté sur la chose vivante. Les formes qu'elle dessine, qu'elle peint et qu'elle développe en films d'animation, évoquent ces briques élémentaires de la vie, bactéries, algues, micro-organismes, dont le développement a produit, au cours de l'évolution, des êtres complexes comme les chiens, les requins, les coraux, les humains, les oiseaux, les virus.
Les formes que Golnaz Behrouznia développe patiemment, depuis son passage par les Beaux Arts en Iran et les arts plastiques à Toulouse, ne sont pas sans parenté avec ce que nous savons de l'organisation de la vie : on peut reconnaître ainsi sur ses « chimères » des yeux, des membres, des flagelles, des cils vibratoires, peut-être des bouches, des estomacs. Si bien qu'en les regardant, qu'il s'agisse de dessins, de tableaux, de sculptures, ou de vidéos, on ne se sent pas totalement désorienté, sans qu'il s'agisse pour autant d'une « représentation d'artiste ».
Dans ce fragile équilibre entre l'impression de connu et la sensation de n'être pas non plus dans la représentation d'après spécimen, le spectateur hésite, se demande s'il connaît ce qu'il voit, voire s'il le reconnaît, ou bien s'il est en face de quelque chose de tout à fait inconnu, dont il n'aurait jamais vu le référent. La séduction de l’œuvre de Golnaz Behrouznia s'opère à partir de cet instant, ce point d'équilibre et de déséquilibre où se tient toujours le spectateur - même s'il fréquente ces œuvres très régulièrement. Les voir et les revoir plusieurs fois ne résout pas l'énigme.
Car le moment que l'artiste voudrait nous donner non à voir, mais à imaginer, se situe dans le temps long, très long même, de la création de la terre, et de l'évolution du vivant, quelque part pendant le cambrien, quand les premiers animaux vertébrés voient le jour, quand un nouvel organe, l’œil, induit une explosion de la diversité animale. Quand dans la soupe originelle, la vie s'essaie à devenir ce que nous connaissons aujourd'hui. Ce moment-là, mais aussi tous ceux qui ont pu avoir lieu sur d'autres planètes, où le hasard de même se serait essayé, à partir de quelques atomes de carbone, un peu d'oxygène, à fabriquer du vivant. La vie plutôt que rien, mais pas seulement la vie ici, et pas seulement la vie réelle. Le phénomène de la vie, partout dans l'univers, et finalement, le concept de la vie.
En cela, Golnaz Behrouznia rejoint tout un courant de la science moderne, qui depuis quelques siècles s'est essayé à penser le monde autrement que comme un phénomène à observer. Une science spéculative, expérimentale, qui postule des hypothèses bizarres, comme le célèbre « Flatland », de Edwin Abbott, qui décrit un monde en deux dimensions. Ou comme ces nombreux mondes imaginés par des scientifiques dans lesquels la physique et la chimie ne seraient pas la même que sur la terre…
Si les spectateurs se rendent bien compte qu'on leur parle des origines de la vie, ils savent aussi une chose, c'est qu'il s'agit d'art et non de science. Comment, à part le contexte dans lequel nous voyons ces œuvres - galeries, centres d'art - savons-nous qu'il s'agit bien d'art, et non d'une planche anatomique ? Certains, à vrai dire, sont persuadés que ce qu'ils voient est bel et bien la trace d'un organisme vivant. Ils ne trouvent pas moins cela beau ou intéressant, et même s'ils voient l’œuvre dans un centre d'art, ils continuent à croire qu'il s'agit de documentation. Une question que l'on serait toutefois fondé à se poser serait de savoir pourquoi il s'agit bien d'art. De nombreux artistes prenant comme matériau de base un fait divers, par exemple, ou bien un pan de nature, on ne saurait tenir pour un marqueur de l'art le caractère réel ou fictif de ce qui a inspiré l’œuvre…
L'art peut poser des questions, et à vrai dire, dans une pratique contemporaine, il n'est jamais aussi intéressant que quand il en pose. La pratique de Golnaz Behrouznia, par exemple lors de sa résidence au CIRPAC (résultant à la série Apparitions), montre comment une artiste peut s'inscrire dans une démarche à la fois scientifique et artistique, en pointant du doigt d'apparents paradoxes, comme ceux de mettre sur un même plan le temps long et le temps court, le minéral et le vivant, le naturel et l'artificiel. La pensée scientifique ne s'arrête pas aux apparences, mais procède par hypothèses et vérifications quantifiables et reproductibles. Quand elle ose proposer des « fictions », c'est pour mieux saisir la réalité de l'univers physique. Le travail d'une artiste comme Golnaz Behrouznia se situe dans cette ligne-là, avec ses fictions biologiques, qui dépassent le temps instantané, et qui préfigurent un temps futur.
Est-ce que son art ne serait pas, finalement, façon de faire prendre conscience à chacun des échelles de temps différentes dans lesquels nous vivons ? Est-ce que son art ne nous aiderait pas à sortir de la mince capsule du présent, dans laquelle nous sommes emprisonnés ? L'art nous rappelle une réalité enfouie, et nous libère en nous amenant vers une nouvelle réalité.
« La biologie au sein du laboratoire artistique »
Golnaz Behrouznia Octobre 2012
Extrait d’intervention / Colloque international: « Poïèse / Autopoïèse : art & systèmes »
Maison de recherche / Université Toulouse2
...Je me réfère autant à des descriptions et documents biologiques, qu’à des concepts épistémologiques et fondamentaux comme « la complexité » d’Edgar Morin ou les propositions de Francisco Varela.
Mes problématiques artistiques de la biologie, se portent sur les différents niveaux de complexité du vivant. Par exemple, les cellules en autonomie créent ensemble, l’unité de l’organe qui les enveloppe. Edgar Morin nous explique : « La notion de complexité est : quand on voit l’unité, on voit la diversité, au sein de l’unité, et quand il y a la diversité, on cherche l’unité».1
Les espèces vivant en communauté, dévoilent bien cette complexité des niveaux d’organisation. Les fourmis par exemple, en tant que vivants autonomes, créent le corps supérieur de la fourmilière. La colonie peut par spécialisation de ses membres, agir comme un organisme unique, dans lequel les fonctions vitales sont distribuées, dans des « organes », constitués par des individus associés.» dit Miguel Benasayag. 2
Je conçois un medium de création, comme une structure ayant des niveaux selon sa complexité offerte par l’hybridation. Des processus de mon travail, sont créés autant par le biais du numérique, sous forme interactive, que par des mediums plastiques et des techniques traditionnelles. Ce qui place l’hybridation comme un principe artistique, me permettant de mettre en scène une « présentation » de la complexité.
J’implique le concept des systèmes biologiques au sein d’une création artistique qui revisite les systèmes, où je revendique une lecture non‐scientifique de la science. Autant, par le biais de cette dialectique de scientifique/non‐scientifique, je tente la vision d’une biologie, qui cherche une réconciliation avec les voies de la création, et ce qui les traverse. Suivant un fonctionnement symbolique singulier, ma pratique artistique s’inscrit autour de cette dialectique: mon travail renvoie au monde de la biologie et à celui de la science, et en même temps il ne renvoie qu’à lui‐même.
A travers le concept de la cognition énactive, Francisco Varela nous explique qu’il ne suffit pas, de prendre en compte le principe du système en réseau, au delà de cette réalité biologique, il faut mettre en question la notion de représentation ou de captation symbolique. Une caractéristique dans le monde ne préexiste pas, cela est quelque part « inventé » par les rapports entre l’organisme et l’environnement.3
L’art face à la question du vivant est capable de favoriser l’apparition des singularités et tout en s’inspirant de la nature même, de construire un ensemble, articulé de nouvelles logiques. L’importance est dans le fait que la singularité de la pratique artistique et de son concept, rencontre des matériaux.4 La période de production de mes travaux, par sa construction successive et reliée, de différents médiums, outils et techniques croisées, renvoie à une évolution processuelle, réinterprétée à partir de celle du vivant. Autrement dit la création artistique ne cesse pas de tenter de réinventer une complexité du réel.
Pour finir, je pense qu’un terrain de pratiques artistiques s’oriente vers la culture d’un milieu. Autrement dit, des virtualités de la vie peuvent être cultivées sur le terrain de l’art. Chaque processus crée un milieu et interroge sur la signification de ce milieu...
1 E.Morin. « Le complexus, ce qui est tissé ensemble », in La Complexité, vertiges et promesses/ sous la dir. de R.Benkirane. Paris : le Pommier, 2006. p. 23
2 M.Benasayag. Organismes et artefacts, Paris : La Découverte et Jean Paul Bayol, 2010.p. 112
3 F.Varela. « Autopoïèse et émergence », in La Complexité, vertiges et promesses/ sous la dir. de R.Benkirane. Paris : le Pommier, 2006. p.168
4 E.During. et al. , In actu, De l’expérimentation dans l’art, S.Dubois. Bruxelles : Les presses du réel, 2009
Autres liens
Portrait d'artiste Golnaz Behrouznia, Web-magazine Turbulences Vidéo #96
Festival VIDEOFORMES, P.68 - P.89 2017
www.dropbox.com/s/wr3ppmpholtwro9/TV%2396.pdf?dl=0
-Interview video, VIDEOFORMES, Gabriel Soucheyres 2017
https://www.facebook.com/gabriel.soucheyre/videos/10155734789447873/
• Interview et Article, E magazine “Art the Science”, par Julia Krolik 2016
artthescience.com/blog/2016/11/28/creators-golnaz-behrouznia
• Article “France is loving this Iranian Bioartist’s Microbe-Inspired Installations”, E magazine “labiotech”, par Evelyn Warner 2016
labiotech.eu/france-bioartists-microbe-installations
• Article Libération, « Gueules d’hémisphères », Exposition géographie de la perception, Centre des arts d’Enghien, Par Clémentine Gallot 2016
http://next.liberation.fr/images/2016/05/30/gueules-d-hemispheres_1456150
• Article Le Parisien « Des microbes géants qui grimpent aux rideaux ! », Lumina Fiction, Exposition géographie de la perception- centre des arts d’Enghien, Par Daniel Pestel 2016
http://www.leparisien.fr/enghien-les-bains-95880/enghien-plongee-dans-la-creation-numerique-au-centre-des-arts-26-04-2016-5746503.php
• Article par Digitalarti Media, "Fictions biologiques", Lumina Fiction, Exposition géographie de la perception- centre des arts d’Enghien, Par Laurent Catala, 2016
http://media.digitalarti.com/fr/blog/digitalarti_mag/hemispherescda_perceptions_organiques_tous_azimuts
Golnaz Behrouznia
(CIRPAC art residency)
Xavier Malbreil 2014
"Golnaz Behrouznia has been known for several years in France for her plurimedia and multimedia work on the living thing.
The shapes she draws, which she paints and develops in animated films, evoke these elementary bricks of life, bacteria, algae, microorganisms, whose development has produced, during evolution , complex beings like dogs, sharks, corals, humans, birds, viruses.
The forms that Behrouznia develops patiently, since her study of Fine Arts in Iran and visual arts in Toulouse, are not without kinship with what we know of the organisation of life: we can recognise on her "chimeras" some eyes, limbs, flaps, vibratory eyelashes, perhaps mouths, stomachs.
So much so that by looking at them, whether they are drawings, paintings, sculptures or videos, we do not feel totally disoriented, despite it being an “artist’s representation”.
In this fragile balance between the feeling of known and the sensation of not being in the specimen’s representation, the spectator hesitates, wonders if he knows what he sees, or even if he recognises it , or if he is faced with something completely unknown, of which he would never have seen the referent. The seduction of Golnaz Behrouznia's work starts from that moment, that point of balance and imbalance in which the viewer always stands - even if he meets these works very regularly. Seeing and seeing them again and again does not solve the riddle.
Because what the artist would like us not to watch, but to imagine, lies in the long run, very long since the creation of the Earth and the evolution of the Living, somewhere during the Cambrian period, when the first vertebrate animals were born, when a new organ, the eye, induces an explosion of animal diversity.
When in the original source, life is trying to become what we know today. This moment, but also all those that could have taken place on other planets, where the same chance would have tried, starting from a few carbon atoms, a little oxygen, to create living elements. Life rather than nothing, but not just life here, and not just real life. The phenomenon of life, throughout the universe, and ultimately, the concept of life.
Golnaz Behrouznia joins a whole stream of modern science, who for some centuries has tried to think the world differently than as a phenomenon to be observed. A speculative, experimental science that postulates bizarre assumptions, such as the famous "Flatland" by Edwin Abbott, which describes a two-dimensional world. Or like those many worlds imagined by scientists in which physics and chemistry would not be the same as on Earth.
Imagine for example that the base of the blood is not iron but copper, and it would be blue.
Imagine that gravity is twice as great as that of the Earth, and living creatures certainly would not look the same. Imagine that our star is not the sun, and gives us a weaker radiation, and the flora would be black, in order to absorb the light more efficiently. Imagine, like Poincaré, replacing the square by a circle, and you will create a non-Euclidean geometry. And so on.
If spectators realise that we speak about the origins of life, they also know a thing, it is that this is art and non-science. How then, apart from the context in which we see these works - galleries, art centers - do we know that this is art, and not an anatomical illustration? Some are confident that what they see is indeed the trace of a living organism.
They don’t find this less beautiful or interesting, and even if they see the work in an art center, they continue to believe that it is some kind of documentation. A good question that we could ask would be to know why it is art.
As many artists use as base material everyday’s news, for example, or nature, art can not be labelled by the real or fictitious element that inspired the work."
« Biology within the artistic laboratory »
Golnaz Behrouznia October 2012
International Colloque : « Poïèse / Autopoïèse : art & systems »
"Maison de recherche" / Toulouse2 university
...I am referring to descriptions and biological documents, as well as epistemological and fundamental concepts such as the "complexity" of Edgar Morin or the proposals by Francisco Varela.
My artistic questions of biology, is focused on the different levels of complexity of the living. For example, cells in autonomy create together, the unity of the body which envelopes them. Edgar Morin explains: "The notion of complexity is following: When you see the unit, one sees the diversity, within the unit, and when there is diversity, it seeks the unit".
The species living in community, illustrate well this complexity of organization levels. Ants by example, as autonomous living, create the upper body of the anthill. A colony can, through the specialization of its members, act as a single body, in which the vital functions are distributed, in "bodies", formed by the associated individuals." says Miguel Benasayag.1
I see a medium of creation, as a structure with levels depending on its complexity offered by the hybridization. Processes whitin my work, are created as much through the digital and interactive forms, as by traditional visual artistic mediums and techniques. Which put the hybridization as an artistic principle, allowing me to put on stage a "presentation" of the complexity.2
I use the concept of biological systems within an artistic creation which revisits the systems, where I claim a non-scientific approach of science.
Through this scientist/non-scientific dialectic, I experiment a vision of biology, which seeks a reconciliation with the sources of creation, and what goes through them. Following a particular symbolic operating system, my artistic practice is developed around this dialectic: my work reminds of the biology and scientific world and at the same time refers only to itself.
Through the concept of enactive cognition, Francisco Varela explains us that it is not enough to take into account the principle of the network system beyond this biological reality, but one must question the concept of representation or symbolic uptake.
A characteristic feature in the world does not preexist, it is somewhere "invented" by the relationships between organisms and the environment.
Art towards the question of the living is able to foster the emergence of singularities while building a new articulate and logical set, inspired by nature. The importance lies in the singularity of the artistic practice and its concept, meeting of materials.3
The production period of my work, by its successive construction and through related multiple mediums, tools and techniques , refers to a processual evolution, revisited from the one of the living. In other words the artistic creation does not stop trying to reinvent the complexity of the real environment.4
To conclude, I think that a land of artistic practices is moving toward the culture of a landscape. In other words, the virtualities of life can be grown on the field of art. Each process creates an environment and questions the meaning of this environment...
1 E.Morin. « Le complexus, ce qui est tissé ensemble », in La Complexité, vertiges et promesses/ sous la dir. de R.Benkirane. Paris : le Pommier, 2006. p. 23
2 M.Benasayag. Organismes et artefacts, Paris : La Découverte et Jean Paul Bayol, 2010.p. 112
3 F.Varela. « Autopoïèse et émergence », in La Complexité, vertiges et promesses/ sous la dir. de R.Benkirane. Paris : le Pommier, 2006. p.168
4 E.During. et al. , In actu, De l’expérimentation dans l’art, S.Dubois. Bruxelles : Les presses du réel, 2009
Interview The Social Face
Sélima Abdeljaouad 2017
Golnaz Behrouznia is an Iranian artist specialised in visual arts. After having studied the Beaux Arts of Tehran, she participated in several solo and group exhibitions and won several prices during bienniales and festivals. In 2008, she moved to France to pursue her artistic curriculum but also study digital creation in Toulouse. Her work, halfway between natural sciences, arts and multimedia, has been exhibited in several countries from France to the United States… We have met this artist who takes us to the heart of the Living.
Why have you wanted to mix art and natural sciences?
The system of life with all its interconnections, as well as the operation of the Living attracts with passion since my childhood. Due in large part to my mother who sensitized me on this subject and to the operation of natural phenomena. By introducing me to plants, minerals, animals and insects in the hills of the Zagros mountains, she would make me get familiar with natural sciences and ecosystems. I saw a kind of magic in the sequencing of the entire life system. By developing the practice of drawing, and later for my first artistic creations during my studies at the Fine Arts of Tehran, this orientation towards sciences became natural, within the themes and researches for drawing as well as sculpted forms.
Multimedia is very present in your works: Do you think that it represents the future of art, in a world where technology is ominpresent?
The artistic creativeprocess can take various forms and use various media.
A contemporary creation is a creation which seeks to use tools of its period, but also to question and make new artistic proposals.
Formats derived from new technologies, tools and prostheses present in the daily contemporary, also become tools and themes of questioning for many artists.
For me, I uses both traditional visual artistic base material but also multimedia. I think that the use of technological supports is the logical continuity of the traditional ones in Art History.
Given my interest for the living system, digital media is particularly important.
It enables to create work which will question the process of life, auto-manufacturing, and generation.
In a work programmed by a computer and coded by algorithmic languages, the offering is infinite.
This refers to the principles of a living system; we are no longer in a frozen and defined artistic project.
You are Iranian. What sources of inspiration in your work comes from your country of origin?
Traditional Iranian painting , "The Persian Miniature", is a practice in my country, which influenced me through various developments; under the Mongolian influence , at the School of Baghdad, Tabriz, Harat or the one in Shiraz. For me, the finesse of the strokes to the China Ink and the rounded representation of forms in the Persian Miniature, created links to the microscopic world, the infinitely small as well as a link to texture and forms within natural elements.
Finally, the principle of a two-dimensional space, as one of the major characteristics of this Persian painting, has guided my animated video work so that my imaginary creatures evolve in a 2D space.
You recently exhibited at the French Institute of Abidjan, but also previously in France, in Tunisia, or in New York: do these multiple travels enrich your work?
If yes, how?
Yes, because each new context allows the discovery of a different sensitivity. Depending on the type of public, its cultural, geographical and historical situation, the interaction with my work changes. All these feedback help me reinvent and subsequently evolve the artistic proposals.
You have participated to the international symposium "Poïèse/Autopoïèse: Art and systems" where your talk highlighted a philosophical side of your work: what are the thoughts behind your upcoming productions?
The new subject I would like to develop more is the interconnection of the living system, which means that a whole is made of a plurality and that a plural complexity may constitute a unit. The natural ecosystem shows us how the living is both autonomous and interdependent.
At the moment through two artistic residency projects and exhibition at the Festival Vidéoformes in Clermont Ferrant and with the Espace Croix Baragnon in Toulouse, we are developing in collaboration with François Donato, a second version of the installation Lumina Fiction. The interest of this version is to create a fictitious narrative route which would cross different steps without predefined order. Depending on the presence and behavior of visitors towards the universe of the work, the phases move into place and evolve in real time. I also have new projects in mind, always with this dynamic of interdisciplinary interactions and collaboration.
Other links
• Interview et Article, E magazine “Art the Science”, par Julia Krolik 2016
artthescience.com/blog/2016/11/28/creators-golnaz-behrouznia
• Article “France is loving this Iranian Bioartist’s Microbe-Inspired Installations”, E magazine “labiotech”, par Evelyn Warner 2016
labiotech.eu/france-bioartists-microbe-installations
• Article Libération, « Gueules d’hémisphères », Lumina Fiction, Exposition géographie de la perception-centre des arts d’Enghien, Par Clémentine Gallot 2016
http://next.liberation.fr/images/2016/05/30/gueules-d-hemispheres_1456150
• Article Le Parisien « Des microbes géants qui grimpent aux rideaux ! », Lumina Fiction, Exposition géographie de la perception- centre des arts d’Enghien, Par Daniel Pestel 2016
http://www.leparisien.fr/enghien-les-bains-95880/enghien-plongee-dans-la-creation-numerique-au-centre-des-arts-26-04-2016-5746503.php
• Article Article par Digitalarti Media, "Fictions biologiques", Lumina Fiction, Exposition géographie de la perception- centre des arts d’Enghien, Par Laurent Catala, 2016
http://media.digitalarti.com/fr/blog/digitalarti_mag/hemispherescda_perceptions_organiques_tous_azimuts